Promenade à travers la ville d'ANSE-À-VEAU

Coiffez-vous de votre képi. Chaussez-vous de vos baskets, saisissez une bouteille d’eau et puis rassurez-vous que votre téléphone peut caper des images. Le point de départ de cette promenade est à Carrefour Michel. On va se balader à travers la ville d’Anse-à-Veau.

À quatre kilomètres de la Grande Rivière de Nippes au Carrefour Michel, la ville nous ouvre ses deux portails qui conduisent l’une vers la Basse-Ville, l’autre vers la Haute-Ville, deux agglomérations siamoises qui décrivent la ville.

Anse-à-Veau, la Haute-Ville dans sa vantardise, juchée sur un plateau où trône la Prestigieuse Eglise et la Basse-Ville ancrée dans la cuvette de la débrouillardise s’offrait à la joie de vivre en liberté, bien qu’elle soit soumise aux inondations suite aux débordements de la mare Salomon ou du flux de la mer en mauvais temps.

Du Carrefour Michel on se dirige vers la Haute-Ville par la rue du Jubilé avec ses ruelles bordées de maisons intérieures, pour la plupart cachées par les arbres. Là, nous accueille la belle entrée qui mène à la stèle dédiée au président Geffrard.

Ce Rond-point voisin de l’Evêché sert de guide par la Rue Gouin vers : l’Inspection Scolaire, le Palais de Justice, le Lycée, le Village Saine Anne (près de 80 maisonnettes) et le Collège du même nom, l’Université, l’Ecole des Sœurs, la Salle Paroissiale, le Presbytère, la Cathédrale et sa Place du Tricentenaire. Une escapade vers la gauche vous débarque dans le cimetière sur une bretelle vers la Basse-Ville, faut ne pas s’y attarder. On revient vite vers le Rond-point, là vous offre ‘’Poz Café ‘’ une bière ou une coupe moderne avant de visiter le Collège Marc Antoine Lespérance.

Puis on descend face à la mer, il faut se signer car le calvaire vous observe, sur la main gauche dans vos ébats sur les plages voisines de l’Hôtel Francoville-Villa et de Ti-Barcadère situées, dans un nouveau quartier en construction. L »Association HSF (Haïtian Sports Foundation) y tient aussi son.complexe sportif et d’informatique qui accompagne les jeunes. A la remonte le Crucifié vous accompagne dans la balade qui conduit sur la Rue de l’Hôpital, avec espoir de recevoir des soins en ce lieu ainsi qu’en la clinique privée du docteur Serge Cyrille puisque l’argent on peut le tirer de la BNC toute proche.

Juste en face de la banque dans un Quartier Nouveau, à la Rue Saint Francois la piste de danse ‘’’La Renaissance ‘’vous invite à la valse sous les grooves de deux groupes musicaux de la ville J-Wolf ou Classique ou sous la dextérité digitale des DJ ou encore on peut s’attarder pour une recherche à la Bibliothèque Communale. Le Tribunal de Paix, l’Office de l’Etat Civil et la Vice Délégation siègent en ce lieu . Revenu sur le parcours, la clinique du Docteur Serge Cyril vous reçoit .Puis silence, à droite le temple Adventiste vous accueille. Au carrefour, un peu plus loin, là-haut à gauche : la Cathédrale imposante par sa trentaine de marche vous capte l’attention.Un peu plus bas aux pieds de la Cathédrale, petit market et restaurant vous attendent sous le contrôle du bureau de la Direction Communale des Impôts. En ce carré parfait de la Place Publique tout fonctionne en rigide discipline pour ne pas se faire gronder, par le Commissariat de Police érigé en face de l’Hôtel de Ville dans le dos de Madame Colo. Sous la protection de deux gros canons, cette adorable et merveilleuse fontaine projette l’eau par la bouche de ses quatre macarons dans des bassinets. On bifurque vers la droite le long de la rue Alexandre Pétion qui part du bas de la Cathédrale à l’angle on croise l’Auberge la Différence et poursuit jusque vers la mer avec un clin d’œil sur ‘’ la Respectable loge ‘’La Vérité’. Cette rue limite perpendiculairement les rues parallèles Saint Laurent et Général Félix Morisseau, ce bloc qu’on dénomme par tradition la Rue Abri.

Ces deux rues débouchent sur la rue du Général Etienne Elie Gérin qui abritait : l’ancienne Ecole des Frères et le Lycée Boisrond Tonnerre qui cache le fort Saint Laurent (une longue et haute muraille curviligne), le bureau du président Sudre Dartiguenave (en ruine) et le mausolée du Général Gérin (bref instant de réflexion). De ce coin un parapet prolonge la rue de l’Hôpital vers le Bord de Mer.

Côtoyant l’autre côté de la place, la rue Gerin, parallèle à la rue Alexandre Pétion, forme l’angle droit avec la Rue Henry Christophe (ou Rue de la Place) qui passe devant la Mairie. A une dizaine de mètres un petit sentier partant du côté latéral de l’église la traverse et mène par le morne Madame Edner à la Basse-Ville. Ainsi la première balade terminée par la rue Gérin qui, dans son étrangeté, mène à la Basse-Ville.

La rue Gérin est devenue à ce niveau la Rue du Drapeau surplombée par la plante électrique , elle mène à la Basse-Ville. Un raccourci par escaliers dit de Boss Alfred en face d’une nouvelle Clinique vous débarque rapidement à la Basse-Ville. Toute droite, cette rue continue sa route sous le nom de rue Anacréon Charles. Au beau milieu elle se raccorde à la Rue du Cimetière qui ramène à la Haute-Ville. On revient à cette intersection pour une courte prière à l’Eglise des Méthodistes, avant de continuer sur la grande Rue de la Rivière, déjà à quelques pas on tourne à droite, pour longer la longue et tordue rue Titus Bance, qui bizarrement sur son parcours porte deux autres noms : Rue Salomon et Rue du Bord de Mer traversées par deux ponceaux : pont Famille Fleury et pont madame Lapresse. Cette rue du village des pêcheurs conduit droit au wharf dans le temps et reconduisait vers la Haute-Ville.

On remonte cette longue rue pour découvrir la Rue de la Rivière la plus droite et large de la ville, à l’angle la maison des Mérorès recevait des personnalités importantes pour la causerie à l’ombre d’un verre et sous le regard de la bouteille. A trois mètres du retour vers la gauche on emprunte la rue Georges où méditent les chrétiens Baptistes, sur la droite deux ruelles terminées en un ‘’Y grec’’ débouchant sur la route d’A l’Usine ; en hauteur de Georges crient les amateurs de gaguère. De cette rue on s’arrête à la nouvelle Place du Marché d’où s’élève un quartier juste au dos du cimetière dans le giron des deux anciennes écoles Primaires Mixtes et des Saints Anges relogées avant de rejoindre le Carrefour Michel.

On redescend pour continuer la promenade par la rue de la Rivière un petit moment après un petit pont on tombe en contemplation devant l’autre fontaine publique Ti-Cécé avec son éternel marché de tous les jours en sentinelle du terrain de football. Vingt pas au retour sur la rue on est dans l’aire de la Salle des Témoins de Jéhovah. Enfin au terminus de la rue De La Rivière on s’extasie devant le bidonville derrière la coquette maison de madame Leblanc. Juste en face, la route d’A l’Usine conduit à Arnaud dans la nostalgie du mythique et regretté Mango Félix. Un autre embranchement traverse le Pont Vincent sur la rivière l’Acul des Savanes et vous embarque par la route vers Petit-Trou de Nippes.

A la Basse-Ville: piano, bibliothèques et jeux cérébraux attiraient les augustes visiteurs. Point de place pour l’angoisse. Ici on rit, on danse, Cadre du plaisir et du travail. Dans l’Anse-à-Veau il fallait être fort, fumant comme le flambeau, dans son esprit et dans son cerveau, car tous se devraient être d’intelligences privilégiées.

La Basse-Ville, une modeste agglomération d’où mouvait une société haute gamme, en espoir de se retrouver. La Basse-Ville bourdonnait d’activités commerciales et d’affaires financières. L’aisance sociale s’identifiait dans le teint physique du moment et dans le négoce bouillonnant. En son plateau du côté du soleil levant la dernière demeure du silence, son cimetière, garde bien de bonnes histoires enfouies.

Anse-à-Veau était connu un joyau, hélas, qui a perdu ses éclats mais préserve ses valeurs.

Le temps de parcourir la ville, on grimpe et on descend les pentes qui lui confèrent sa touche top et singulière dans sa configuration de deux cubes contigus élevés à deux niveaux chacun.

Depuis 2012 deux ponts imposants conduisent à la ville des écrivains et des héros et l’église a pris des épaulettes sacrées. Elle est par la piété consacrée Cathédrale un pas vers l’éradication du malin qui ronge la cité. Son Histoire à grand H, matérielle pas orale, traverse en survivante les ans. Haïe, combattue, trahie par les hommes comme par la nature elle a résisté solide comme le roseau. Se concertant sur ses formidables cerveaux: ses artistes, ses personnalités et ses héros qui la dressent sur un plateau d’honneur.

La commune tient bon dans son ‘’ansavoptimisme’’ grâce à la nouvelle orientation de ses fils et de sa jeunesse. Elle s’ouvre à l’avenir prometteur. Elle saute sur les planches à elle tendues par la revanche de l’histoire revendicatrice de ses droits. Dans cette petite anse qui s’ouvre sur la Basse-Ville, Anse-à-Veau fut érigée depuis 1721 et héritée jusqu’à la fin des fins par des hommes qui ne flanchent jamais dans leur chauvinisme et qui la garderont, longtemps dans leur mythe de fierté originaire et originelle, aussi merveilleuse qu’attrayante dans sa misère apparente.

Bienvenue en la ville des artistes peintres : Dieudonné Cédor, Laurent Casimir, Antilhomme Francois, Vonette Pierre ; des Théoriciens-Ecrivains : Solon Ménos, Emmanuel Edouard, et des écrivains techniciens : Jules Faine, Francois Severin, Jocelerme Privert, Wando Saint-Villier, Jusner Petit-Frère, Harold Souffrant etc, etc, aussi des présidents de la République d’Haïti : Guillaume Fabre Nicolas Geffrard, Philippe Sudre Dartiguenave et Jocelerme Privert.

Anse-à-Veau, l’abeille capricieuse qui vole, pique, repique, vous délivre son Spécial Hydromel. Sirotez votre séjour dans le calme proverbial de la cité du protocole et de la prétention, havre de réflexion.

Après cette longue et fatigante promenade comme dans vos heures de tourisme voulu, vous accueillent Francoville-Villa, les Auberges et Motel : La Différence et chez Morel, la ‘’Poz Kafe ‘’à la Haute-Ville, Chez Jacky à la Basse -Ville.

Ainsi est configurée la ville aux avenues bien tracées qui, comme des plis dans un pantalon définissent sa verticalité sous les caprices du Nordé et des colères de la nature.

Jadis haute de société, elle accueillait et accueille majestueusement en prince dans l’articulation du parler et l’élégance du vêtir. Tout confirmait le luxe et la hauteur dans un silence de bonheur inexploité.

La pédanterie s’installait chaleureusement dans le salut mondain qui préfère/ le ‘’comment vas-tu’’ ? Au ‘’Koman ou ye’’ ? Les deux traduisent le même sentiment. Tous viennent du cœur aimant. J’aime de cœur et je te chéris d’histoire. Pourtant le ‘’je-t’aime’’ décrochait la palme du décorum autant que les enfants étaient contraints de se divertir dans les ‘’trois fois, passez par là, c’est la dernière qui reste là’’ plutôt que de s’égosiller dans le ’’ti poulet sove wi Wa, kenbe li pou mwen, wi Wa’’. Point une question de goût, juste une raison de société.

Que ces Trois Cents Ans marquent son temps et ouvrent la voie aux Quatre Cents Ans avec la participation des ansavelais qui mettront sous les feux des projecteurs leur ville aux deux étages dont ils sont si chauvins et cela logiquement en référence à son Histoire politique, sociale et culturelle.

En toute cause Anse-à-Veau vieille de trois siècles, l’hôtesse respectueuse du protestantisme, digne protectrice du vaudou et témoin privilégié du Catholicisme et de l’Anglicanisme en Haïti, place sa confiance en Dieu l’Unique qui donne en don l’intelligence aux hommes afin d’accomplir les bonnes et grandes choses pour le bien-être de l’humanité.

Au nom du Père, du Fils et de l’Esprit Saint.

Texte de Kenel Regis:

Membre du Conseil d’Administration de AAVP